Laisser les pharmaciens administrer le vaccin contre la grippe est totalement inacceptable

Flash-info 66/23, publié le 22/08/2023

Ce nouveau projet de loi du Ministre Vandenbroucke, qui vise à étendre le droit de vaccination des pharmaciens au vaccin contre la grippe saisonnière, a été décidé sans aucune concertation avec les syndicats médicaux. Validé en Conseil des Ministres fin juillet, ce projet de loi doit encore être soumis au vote du Parlement à la rentrée. Si ce vote devait être favorable, la mesure deviendrait effective dès ce 1er octobre.

Un communiqué de presse Cartel/Absym pour faire bloc contre la vaccination par les pharmaciens

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Le GBO/Cartel et l’ABSyM ont tous deux reçu un mandat fort lors des élections médicales en juin dernier. En tant que plus importants syndicats médicaux, ils ont donc décidé d’unir leurs forces pour s’opposer à ce projet de loi du Ministre, qui constitue un nouveau coup de massue pour les médecins généralistes et contribue également à l’érosion et la dévalorisation de la profession médicale. Nos 2 syndicats mettront donc tout en oeuvre pour que ce projet de loi ne passe pas et que le médecin généraliste reste seul détenteur du mandat de prescription de soins.

Comme le soulignait le Dr Paul De Munck lors de « La Matinale » du 11/08 sur la 1ière (En lignePDF) : « On est fâchés, on est contre cette mesure, pas par un réflexe bêtement corporatiste, de défense sans fondement, mais ça repose sur une réflexion beaucoup plus profonde » : « Loin de nous l’idée qu’on veut se débarrasser notamment de la vaccination. Parce que c’est au cœur de notre métier. La vaccination contre la grippe est une occasion de voir des patients en médecine générale qu’on risque de ne pas voir suffisamment ou assez régulièrement. Donc, ce sera une occasion manquée de plus de rattraper certains patients, certains malades chroniques qui doivent bien entendu de temps en temps passer par la médecine générale pour leur suivi.« .

Fort du constat que les médecins généralistes sont surchargés, notre bien-aimé ministre de la santé avait décidé en janvier 2021 d’autoriser les pharmaciens à vacciner contre le Covid-19. Situation d’urgence, corps médical épuisé : tels étaient les arguments invoqués pour justifier cette décision. À ce stade de l’épidémie, plus personne ne voyait pourtant où étaient l’urgence et la nécessite de donner la possibilité aux pharmaciens de vacciner contre la COVID-19 … D’autant que les centres de vaccination gérés par la médecine générale et les pouvoirs publics avaient bien fait leur office (officine ?). Alors, bis repetita ?

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Par ailleurs, nous ne résistons pas à partager dès à présent le Grain à moudre de cette semaine :

BRICOLER N’EST PAS RÉFORMER
Mais pourquoi élargir dès aujourd’hui la vaccination pharmacienne à la grippe saisonnière ? Lire plus ▶︎

“Laisser les pharmaciens administrer le vaccin contre la grippe est totalement inacceptable”

Avec son projet de loi visant à étendre le droit de vaccination des pharmaciens aux vaccins contre la grippe, sans aucune concertation avec les syndicats médicaux, le Ministre Vandenbroucke dévalorise le travail de qualité des médecins généralistes. Il n’y a absolument aucune preuve que cette mesure soit nécessaire pour augmenter la couverture vaccinale. Lors des élections médicales, l’ABSyM et le Cartel (GBO-MoDeS-ASGB) ont reçu un mandat fort de la part des médecins et détiennent ensemble 10 sièges sur 12 à la Commission nationale médico-mutualiste. Ils utiliseront tous les moyens pour contester ce projet de loi.

Le ministre Vandenbroucke a un projet de loi sur la table, qui autorisera les pharmaciens à administrer le vaccin contre la grippe saisonnière. Cette autorisation ne sera valable que pour la prochaine saison de vaccination, soit du 1er octobre au 31 décembre 2023, mais le projet de loi stipule que la mesure pourra être prolongée. Pour le Cartel et l’ABSyM, cette extension du droit de vaccination pour les pharmaciens est totalement inacceptable.

En 2021, les pharmaciens ont déjà été habilités à administrer le vaccin contre le Covid-19. Cette modification de loi, présentée comme une mesure d’urgence temporaire pendant la durée de l’épidémie, est toujours contestée au niveau juridique par l’ABSyM. Bien que l’état d’urgence ait été levé en mars 2023, les pharmaciens peuvent continuer à vacciner contre le Covid.

Comme si cette première rupture de parole du ministre Vandenbroucke n’était pas suffisamment grave, le droit de vaccination des pharmaciens est maintenant étendu au vaccin contre la grippe. Cela va à l’encontre de tous les accords et constitue donc un deuxième manquement à la parole donnée dans le même dossier.

Selon l’exposé des motifs du projet de loi, le recours aux pharmaciens est nécessaire pour atteindre des taux de vaccination contre la grippe plus élevés parmi les populations vulnérables. Mais rien ne prouve que les pharmaciens apportent une valeur ajoutée en tant que vaccinateurs. Au contraire, si les patients vulnérables ne se font plus vacciner par leur médecin, le risque de dommages collatéraux est réel. C’est précisément ce groupe qui bénéficierait d’un bilan de santé ou d’un examen préventif.

En outre, le carnet de vaccination (VacciWal/VacciCard – projet voulu par nos ministres de la santé wallons et bruxellois), où se retrouvent tous les vaccins administrés à un même patient, est un élément essentiel de santé publique. Si ce carnet est alimenté par les médecins généralistes au travers notamment du SumEHR qu’ils publient, ce n’est pas le cas des pharmaciens qui n’ont jusqu’à présent pas encore fait les développements de leurs logiciels métier pour pouvoir se connecter aux réseaux de santé wallon et bruxellois. Aucun médecin (généraliste ou spécialiste hospitalier) ou infirmier.ère ne pourraient donc visualiser les vaccins administrés au patient par un pharmacien… De même, le patient ne pourrait pas avoir une vision complète de son statut vaccinal en consultant son propre carnet de vaccination puisque les vaccins administrés en officine ne s’y trouveraient pas.

Pour l’ABSyM et le Cartel, le médecin généraliste est et reste le détenteur du mandat de prescription de soins. Le transfert des vaccinations au pharmacien accroît la méfiance déjà existante à l’égard des autorités. Il contribue également à l’érosion et à la dévalorisation de la profession médicale. Si les autorités tiennent vraiment à augmenter les taux de vaccination, cela aurait plus de sens de livrer les vaccins directement aux cabinets des médecins généralistes, de sorte que les patients ne soient plus obligés de passer par une pharmacie.

Avec le mandat fort que nous avons reçu des électeurs, nous nous opposerons systématiquement à ce projet de loi du ministre Vandenbroucke, qui constitue un nouveau coup de massue pour le généraliste qui travaille d’arrache-pied.

Dr Luc Herry, vice-président de l’ABSyM

Dr Jos Vanhoof, administrateur de l’ABSyM

Dr Johan Blanckaert, président de l’ABSyM

Dr Thomas Gevaert, président du Cartel

Dr Michel Creemers, co-président de l’ASGB/Cartel (médecins généralistes)

Dr Paul De Munck, président du GBO/Cartel