Syndicalisme médical

Un peu d’histoire

À l’origine, les médecins s’adressaient à une patientèle fortunée : Marat le grand révolutionnaire de 1789 était le médecin des gardes du frère de Louis XVI, le comte d’Artois, futur Charles X. Ils formaient une corporation aisée, en ascension sociale rapide et qui défendait ses intérêts par des méthodes corporatistes, notamment en pourchassant l’exercice illégal de la médecine par les rebouteux et autres guérisseurs. Les soins aux indigents étaient le plus souvent gratuits, délivrés dans des hospices financés par la charité publique et qui sont les ancêtres de nos hôpitaux.

Les choses commencent à changer quand apparaissent les mutualités ouvrières puis patronales qui « solvabilisent » la demande de soins par l’assurance sociale collective. Mais cette mutualisation reste libre et aléatoire, l’accès aux soins reste contractuel entre les médecins et les négociateurs ouvriers ou patronaux.

En Allemagne, Bismarck va unifier ce système sous l’égide de l’empire allemand dès 1883.

En Belgique, c’est au sortir de la deuxième guerre mondiale que le système va connaître une profonde unification entre autres sous l’influence des réformes anglaises de Beveridge. André Renard plaidera pour un système universel complètement étatisé. Il se heurtera aux libéraux qui n’en veulent pas et aux partis chrétiens qui veulent protéger les puissantes mutualités chrétiennes (premières en Belgique).

L’intervention de l’État, avec sa volonté de régulation et de contrôle des prix, va raidir le corps médical. Cette bronca sera totale en 1963 lorsque le ministre Leburton voudra faire passer sa loi sur l’assurance maladie invalidité. Alors que dans la phase corporatiste, l’état était un allié contre les faux médecins, il devient un adversaire. C’est ce retournement de perspective qui va transformer le corporatisme en syndicalisme. En Avril 1964, les médecins les plus activistes lancent une grève contre le gouvernement.

Cette grève qui voyait les cabinets de médecine générale fermés et les urgences hospitalières engorgées fut un succès. Elle conduira à un compromis historique entre le puissant syndicat Wynen (chambres syndicales/Absym) et le gouvernement : le remboursement des soins sera le même, que le médecin soit conventionnés ou non et les médecins participeront aux discussions, mais sans être gestionnaires de l’assurance-maladie.

Le GBO est né à l’été 1965, un an après la grève, car il s’est rendu compte des « chameaux » de la nomenclature. C’est-à-dire que l’action des chambres au Conseil technique médical (où les MG sont largement minorisés) contribuait surtout à améliorer les revenus des spécialistes grâce à une nomenclature d’actes techniques alors que ceux de la MG stagnaient. Progressivement, le GBO a pris sa pleine autonomie et s’est allié avec l’ASGB pour acquérir une représentation à l’Inami.

Cette belle et bonne alliance se poursuit aujourd’hui et permet que les préoccupations de la MG soient à l’agenda de la Médico-mut, du Comité de l’assurance et du Conseil technique médical.

Cette grève a longtemps terrorisé le pouvoir politique et freiné toute réforme d’organisation des soins de santé surtout grâce au quasi-monopole de représentation des chambres syndicales (Absym) (9 sièges sur 11 en commission nationale médico-mutualiste, les 2 derniers revenant à l’ASGB)

En 1998, la ministre De Galan ouvre la porte à une représentation démocratique des médecins et organise les premières élections syndicales médicales. Les résultats montrent la plus grande faiblesse de l’Absym chez les MG (4 sièges sur 6 dans le collège électoral de MG).

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Sources : Pr Carl Havelange, Les figures de la guérison, Presses universitaires de Liège.
Le Dr Robert STREEL, un des fondateurs du GBO, a rédigé un texte historique qui s’intitule fièrement : Corporatisme ou syndicalisme.

Importance du syndicalisme médical

Les Syndicats médicaux ont pour principale mission de défendre les intérêts professionnels des médecins qu’ils représentent légalement dans les différents organes de l’INAMI et du SPF Santé.

Le GBO veut remplir ce rôle en harmonie avec sa philosophie et avec sa définition claire du type d’organisation de soins qu’il préconise.

LES SYNDICATS SONT LES REPRÉSENTANTS MANDATÉS DES MÉDECINS. LA TENUE RÉGULIÈRE D’ÉLECTIONS DÉMOCRATIQUES EST LE GARANT DE LEUR LÉGITIMITÉ ET DE LEUR REPRÉSENTATIVITÉ AU NIVEAU DES POUVOIRS PUBLICS ET DES PARTENAIRES SOCIAUX.

Au Conseil Général de l’INAMI, ils n’ont qu’une voix consultative ; au Comité de l’Assurance, ils siègent à parité avec les Organismes Assureurs ; dans les commissions de convention et d’accords, dont la plus connue est la « Commission Nationale Médico-Mutuelliste », ils occupent 12 sièges, à parité avec les Organismes Assureurs qui en ont également 12. Ils sont aussi présents au Conseil Technique Médical, à 50, à la Commission de remboursement des médicaments et au sein de plus de 20 autres groupes de travail, conseils et commissions.

Au SPF Santé, les syndicats siègent dans plus de 10 commissions ou conseils, dont la Commission nationale médecins/hôpitaux, la Commission de planification, le Conseil supérieur des médecins généralistes et des médecins spécialistes.

Les syndicats sont aussi présents au sein du KCE (Centre Fédéral d’Expertise des soins de santé), de la FAGW et la FAMGB, au CMG, la CMP, et bien d’autres organisations.

Assurer la défense des médecins dans plusieurs dizaines de commissions, conseils ou groupes de travail représente une charge de travail considérable, dont les MG ne sont pas toujours bien conscients.

Notre politique au GBO est cependant d’être les plus présents possible, partout où nous pouvons faire entendre la voix des MG et les défendre dans le cadre d’une certaine vision de l’organisation des soins, inspirée de nos multiples contacts avec les MG, notamment au travers de leurs diverses organisations.

Au niveau des organismes politiques, publics, et des partenaires sociaux, le GBO veut être le porteparole des médecins généralistes qui adhèrent à sa vision globale des soins et lui apportent leur soutien et leur voix à chaque élection. Il le fait au sein du Cartel, composé du GBO, du MoDeS et de l’ASGB.

Les propositions du GBO :

Les champs de compétences des différentes  organisations  de MG se recouvrent partiellement. Pour éviter l’actuel gaspillage d’énergie, les doublons et controverses, et pour augmenter l’efficience de la défense professionnelle, nous proposons :

  • d’élaborer au sein du CMG une charte de répartition des compétences qui explicitera les champs respectifs des compétences de chaque organisation et qui sera approuvée et signée par les organisations qui s’engageront à la respecter ;
  • de définir des modalités pratiques de coordination entre les organisations pour faciliter le partage d’information et, autant que faire se peut, l’harmonisation des positions des différentes instances ;