Après le BUM asthme, le BUM BPCO fait son entrée en pharmacie

Flash-info 33/24, publié le 04/04/24

Depuis ce mardi 2 avril, les patients BPCO ont la possibilité de bénéficier gratuitement d’un entretien BUM BPCO en officine. Cette nouvelle prestation, validée en janvier 2024 au Comité de l’Assurance de l’INAMI (cf. CSS 2024/019), est la suite du BUM asthme déjà réalisé par les pharmaciens depuis 2013. Qu’en est-il réellement et qu’en pense le GBO/Cartel ?

BUM BPCO, quésaco ?

Il s’agit d’un entretien d’accompagnement de Bon Usage des Médicaments (BUM) pour les patients souffrant de Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Cette prestation peut être initiée par le pharmacien, sur prescription du médecin ou à la demande du patient.

Lors de cet entretien d’accompagnement BUM BPCO, le pharmacien évalue les attentes et les expériences du patient par rapport à ses médicaments et sa pathologie. En fonction des besoins individuels identifiés, le pharmacien pourra ensuite donner au patient des informations et conseils adaptés pour créer un environnement favorable à des stratégies d’autogestion efficaces.

Outre le bon usage des inhalateurs – essentiel à l’efficacité du traitement –, ces entretiens visent à renforcer l’adhésion thérapeutique du patient, ainsi que ses connaissances sur sa maladie, en lui donnant e.a. les conseils à suivre pour préserver sa qualité de vie (arrêter de fumer, rester actif, se faire vacciner…).

Vous trouverez plus d’info sur le déroulement du BUM BPCO en page 8 de la note CSS 2024/019. Notez que, parmi les étapes à suivre par le pharmacien, l’information au médecin fait partie des étapes indispensables à respecter dans le déroulement de l’entretien du BUM BPCO. Le GBO/Cartel regrette que, une nouvelle fois, le cadre structurel de concertation, collaboration et de communication n’ait préalablement été mis en place entre le médecin et le pharmacien. Demander au pharmacien de tenir informé le MG ne suffit pas ! Comment va-t-il le faire ?

Groupe cible visé

Le groupe cible est constitué de patients ambulants (ne séjournant pas en MR/S) de 50 ans et plus (le critère d’âge ne doit pas être pris en compte en cas de prescription par un médecin) qui reçoivent une médication (remboursée) pour le traitement de la BPCO[i] et qui ont besoin d’un accompagnement personnalisé.

Priorité sera donnée par le pharmacien aux personnes mal observantes à leur traitement d’entretien, qui utilisent beaucoup le traitement de crise, aux fumeurs, aux personnes sévèrement essoufflées, … ou à la demande du médecin traitant.

Combien cela coûte-t-il au patient ?

Les patients appartenant au groupe cible sont éligibles à un maximum de 2 BUM BPCO remboursés par année civile (un entretien d’information et un entretien de suivi).

Ce service est totalement gratuit pour le patient, aucun ticket modérateur ne lui sera porté en compte par le pharmacien, qui percevra un honoraire spécifique de 23,68 € HTVA par entretien d’accompagnement.

Le médecin est l’expert du diagnostic et du traitement, le pharmacien est le spécialiste du médicament

En théorie, en tant que spécialiste du médicament, le pharmacien n’est pas concurrent du médecin mais peut jouer un rôle complémentaire auprès du patient. Ce nouveau BUM BPCO devrait donc être une bonne nouvelle … pour autant que ces entretiens BUM se fassent véritablement en collaboration avec le MG et que médecins et pharmaciens disposent d’outils de communication digitaux, efficaces et sécurisés, pour pouvoir vraiment dialoguer et se transmettre les informations (observations, par exemple inhalateur inadapté, non observance au traitement, compréhension du patient, etc. et interventions).

Or, rien n’est prévu et cette absence de canaux de communication nuit gravement à la collaboration entre les différents acteurs de la 1re ligne de soins, ce qui est totalement contre-productif. Les médecins ressentent souvent ces nouvelles mesures comme une mise en concurrence avec les pharmaciens, alors que leur rôle de spécialiste des médicaments devrait être vécu comme une complémentarité.

Quand nos autorités arrêteront-elles de mettre la charrue avant les bœufs et de monter médecins et pharmaciens les uns contre les autres ? Espérons que la prochaine législature nous apportera un.e Ministre de la Santé pour qui les mots concertation et réflexion ne sont pas vains … et qui se décidera (enfin !) à soutenir financièrement et à institutionnaliser la concertation entre médecins et pharmaciens, sans laquelle aucune collaboration ou complémentarité ne se développera jamais …

L’asbl CMP (Concertation médico-pharmaceutique), créée à l’initiative de tous les représentants des médecins (syndicats et société scientifique) et pharmaciens, est déjà en place. Reste peut-être à l’institutionnaliser en la transformant en une véritable Commission de concertation et d’avis au sein du SPF Santé et/ou de l’INAMI. Une idée à creuser … ?

[i] Médicaments concernés :

  • Uniquement les médicaments remboursés
  • Spécialités monocomposées à longue durée d’action (LABA ou LAMA, classes ATC : R03AC12, R03AC13, R03AC18; R03BB04, R03BB05, R03BB06, R03BB07) ou associations à longue durée d’action (LABA + LAMA ; LABA + CSI ; LABA_LAMA + CSI ; classes ATC : R03AL03, R03AL04, R03AL05, R03AL06; R03AK06, R03AK07, R03AK08, R03AK10, R03AK11, R03AK12, R03AK14; R03AL08, R03AL09, R03AL11, R03AL12)
  • Tous les médicaments concernés ont la BPCO comme indication approuvée
  • En traitement (au minimum 1 délivrance au cours des 12 derniers mois)
  • Aérosol-doseur ou inhalateur à poudre