
Campagne de vaccination 2023-24 : résultats du sondage sur les aspects pratiques et organisationnels
Flash-info 92/23, publié le 08/10/2023
Le GBO/Cartel a réalisé auprès de généralistes francophones un sondage en ligne entre le 18 et le 24/10/23, soit un mois après le début de la campagne de vaccination COVID-19. Merci aux 265 médecins généralistes bruxellois et wallons qui ont pris la peine d’y répondre : cet apport précieux, même s’il ne s’agit pas ici d’une enquête scientifique, nous a permis de faire un état des lieux de la manière dont ont été perçus par les répondants les aspects pratiques et organisationnels de cette campagne de vaccination … et d’en tirer certains enseignements qui nous permettront de déterminer les points d’action à mettre en œuvre afin d’optimiser les prochaines campagnes !
Nous vous invitons donc à parcourir les résultats de ce sondage (ajouter lien vers le PPT), sous forme de graphiques, et vous livrons les principaux constats et leçons à tirer de celui-ci :
Infos pratiques et consignes à suivre :
- Les répondants sont majoritairement mitigés, voire plutôt insatisfaits (60% en région wallonne, 54% en région de BXL-capitale), quant à la communication des instructions relatives à l’approvisionnement en vaccins, publics cibles à vacciner, codes nomenclature à utiliser, etc. En cause ? Des infos reçues bien trop tardivement (alors que les patients posaient déjà des questions dès le mois d’août et que les médias grand public diffusaient déjà les infos destinées à la population), et jugées parcellaires et parfois contradictoires entre les différentes sources. En outre, les répondants estiment que les médias (presse écrite, radio/TV) ont fait la promotion de la vaccination en pharmacie, leur donnant le sentiment d’être « boycottés ».
- Les répondants sont majoritairement plutôt insatisfaits, voire très insatisfaits, des modalités pratiques et opérationnelles mises en place pour l’approvisionnement en vaccins COVID-19 (commande, délivrance, etc) : 63% en région wallonne, 62% en région de BXL-capitale.
Participation et organisation des cabinets de MG :
- Parmi les répondants, 77,4% ont indiqué qu’ils participaient à la campagne de vaccination.
- Principales raisons évoquées par les 22,3 % des MG ne participant pas à la campagne de vaccination : le manque de temps (pour s’approvisionner en pharmacies, convoquer les patients éligibles, optimiser les vials/RDV pour ne pas gaspiller), le fait de ne pas avoir de frigo équipé d’une sonde homologuée permettant de stocker les vials, la proximité d’une pharmacie et/ou d’un centre/antenne de vaccination permettant une bonne accessibilité aux vaccins dans leur région (et rendant moins nécessaire le fait de vacciner en cabinet).
- Si les vaccins COVID-19 pouvaient être commandés et livrés aussi facilement que ceux du programme de vaccination pédiatrique : 53% des MG seraient disposés à vacciner et 33% à s’équiper d’un frigo avec une sonde homologuée pour pouvoir stocker les vaccins.
- Organisation de la vaccination COVID-19 dans les cabinets de MG, tous types de pratiques confondus : 36% administrent les vaccins dans le cadre de leurs consultations classiques, seuls 23% administrent les vaccins uniquement durant des plages horaires organisées spécifiquement pour la vaccination, les 41% restants ayant adopté un mix entre consultations classiques et plages dédiées.
- Plages dédiées ou consultations classiques ? Sans surprise, les « événements » de vaccination durant certaines plages horaires ont principalement été organisés dans les maisons médicales et pratiques de groupe monodisciplinaires, les médecins solos vaccinant quant à eux majoritairement dans le cadre de leurs consultations classiques.
- Les cabinets de MG s’approvisionnent principalement en vaccins COVID-19 auprès d’une ou plusieurs pharmacies participant à la campagne (94% en région wallonne, 92% en région de BXL-capitale).
- Les cabinets de MG commandent majoritairement (66,5%) les vaccins COVID-19 sous forme de seringues préremplies, contre 33,5% qui préfèrent s’approvisionner en vials (6 doses).
- Comment expliquer que, parmi les cabinets participant à la campagne, seule une minorité passe commande de vials via leur région pour être livrés en direct (8% via la COCOM et seuls 2% via l’AViQ – à noter que 4% des MG wallons s’approvisionnent dans les centres de vaccination) ? Le constat est sans appel : 45% estiment ne pas avoir assez de « débit » (min. 10 vials, soit 60 doses) et 46% ne sont pas équipés d’un frigo avec une sonde homologuée.
Quid de la collaboration avec les pharmaciens dans le cadre de cette campagne de vaccination (grippe et COVID-19) ?
Si le sujet a déjà fait couler beaucoup d’encre de part et d’autre, voici les résultats de la « photo » prise par ce sondage :
- 56% des MG estiment que c’est une bonne idée que le droit de vaccination des pharmaciens ait été étendu au vaccin contre la grippe pour faciliter l’accès aux vaccins pour la population (9% estiment que c’est une bonne idée et 47% nuancent leur propos en ajoutant le partage des données comme condition (les vaccins grippe et COVID-19 administrés doivent être visibles immédiatement par tous les prestataires de soins concernés – cf. risque de double vaccination, etc).
- Parmi les raisons évoquées le plus fréquemment par les 44% de MG estimant que c’est une mauvaise idée que les pharmaciens aient pu vacciner contre la COVID-19 puis contre la grippe, on retrouve :
- La vaccination est un acte médical au cœur des compétences des MG. La vaccination saisonnière permet de faire de la prévention auprès de patients ne consultant pas suffisamment ou régulièrement. Détourner ces patients des cabinets de MG est une mauvaise idée en termes de santé publique.
- Plutôt que de transformer les pharmacies en mini-dispensaires de 1re ligne, il aurait été plus judicieux de mettre en place des solutions pour aider les MG à faire leur métier.
- Si la vaccination contre la COVID-19 par les pharmaciens pouvait se justifier en plein cœur de la pandémie, cette prolongation et l’extension du droit de vaccination à la grippe ne se justifie pas pour des virus devenus endémiques.
- Une réorganisation des rôles et missions au sein de la 1re ligne doit être concertée avec tous les acteurs et non mettre les MG devant le fait accompli ! Il faudrait plutôt une délégation claire et sécurisée de certaines tâches techniques, bien séparées des actes intellectuels médicaux, et mettre une distinction claire entre les tâches techniques déléguées et les intérêts commerciaux des officines.
- Une très large majorité des MG vaccinateurs estiment que la collaboration avec la/les pharmacie.s où ils s’approvisionnent est plutôt bonne (24%), voire très bonne (60%).
- Si les pharmacies devaient rester le principal fournisseur de vaccins COVID-19 pour les cabinets de MG, voici les pistes à suivre évoquées pour améliorer cette collaboration :
- obliger toutes les pharmacies à fournir les cabinets de MG, qu’elles participent ou non à la campagne de vaccination (surtout si elles ne vaccinent pas puisque cela fait un lieu de vaccination de proximité en moins !).
- fournir des seringues préremplies tous les jours ou, à défaut, s’adapter aux jours de consultations/visites des cabinets à proximité.
- avoir préparé les commandes pour un enlèvement en dehors des heures de consultation (pour éviter que les MG ne doivent limiter le nombre de patients vus pour aller chercher les vaccins).
- respecter les délais pour la préparation des vaccins (et éviter au MG de devoir décommander des RDV pris).
- pouvoir faire livrer en cabinet les vaccins commandés (service de coursier ou autre solution).