
IPP : le GBO insiste sur la nécessité de revoir les indicateurs de meilleure prescription et de réformer la politique d’assurance de qualité à l’INAMI
Flash-info 15/25, publié le 19/02/2025
Comme nous vous en informions dans notre Flash-info Deux nouveaux indicateurs pour la prescription des IPP en MG : objectifs compréhensibles, mais … en décembre dernier, le SECM souhaite « sensibiliser » les généralistes au respect de 2 indicateurs visant à contrer les effets indésirables potentiels et réduire l’utilisation inutile (prolongée) des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Si le GBO/Cartel reconnait qu’il s’agit d’une sage volonté, il dénonce une mise en œuvre qui lui semble biaisée et nécessite la révision des indicateurs de meilleure prescription, et insiste sur la nécessité de réformer la politique d’assurance de qualité à l’INAMI. Le GBO/Cartel a donc envoyé un courrier au CNPQ pour lui faire part de ses remarques et recommandations quant à l’évaluation des pratiques de prescription des IPP en médecine générale. Celles-ci sont d’ailleurs basées sur les études réalisées par le CNPQ, dont il apprécie fortement le travail.
Préalable
Rappelons le point de vue du GBO sur l’attelage « contre-nature » (bien que légal) du CNPQ et du SeCM.
Il est essentiel de séparer les fonctions d’évaluation des fonctions de contrôle, malencontreusement réunies. En effet, l’évaluation est une fonction positive qui cherche à valoriser les médecins tout en signalant les zones d’amélioration possible. Le contrôle est une fonction négative qui sanctionne les manquements en vue de les voir disparaître. Le même service ne peut de ce fait à la fois manier la carotte et le bâton. Il nous semble indispensable de transformer le SeCM en un pur organe de contrôle (SCM), tandis que la fonction évaluatrice doit être confiée à la commission des profils et/ou à une chambre évaluative du CNPQ. Nous pensons réellement que nous continuerons d’avoir des problèmes tant que nous ne serons pas revenus à un fonctionnement dans les règles de l’art des institutions.
Étude des indicateurs :
L’indicateur1 (pourcentage de patients avec une prescription d’IPP par rapport au nombre total de patients ayant au moins une prescription de spécialité pharmaceutique) évolue dans le bon sens d’une moindre prescription. Ce qui n’apparaît pas dans le rapport envoyé aux généralistes. Ce même manque d’information se trouvait déjà dans le rapport antibiotique, nous en avions fait état. Ce manque est une erreur majeure de communication. Il importe en effet pour convaincre d’un changement de comportement, de d’abord pointer ce qui est positif puis d’aborder les points à améliorer. Ce qui est possible par un organe d’évaluation et semble impossible de la part d’un organe de contrôle.
L’influence de la pauvreté sur la prescription est évidente, l’écart de santé (maladie de l’acidité) suivant la classe sociale. Malheureusement, cet aspect des choses n’est guère développé dans le rapport du SeCM, ce qui met tous les prescripteurs à la même enseigne. Les indicateurs fournis par le SeCM n’ont pas été adaptés à chaque type de patientèle. Ce qui risque d’inquiéter inutilement les praticiens en milieux populaires.
Au niveau des dépenses, on peut dire qu’elles sont globalement stables autour de 100 millions d’euros. On observe une légère hausse en 2023 qui demandera confirmation. Mais la population augmente et la valeur de l’argent diminue, on peut en inférer que les dépenses en euros constant pour les IPP per capita diminuent. Ce qui ne correspond guère au discours alarmiste du SeCM.
Il y a deux sous-populations dans la population des MG étudiés. Il eut été intéressant de se pencher sur la question, par exemple s’agit-il de différence régionale, différence de pratique (groupe vs soliste, urbain vs rural) ? Ce travail important de compréhension n’a pas été réalisé. On a perdu là une des façons de mieux comprendre les déterminants de la prescription. Or chercher à modifier des comportements sans les comprendre s’apparente à mettre une charrue devant des bœufs.
En conclusion
Nous ne sommes pas certains que l’expérience de santé subjective des patients vulnérables et refluant sera meilleure après les refus de prescription incités par le SeCM. Au total il nous reste un gain modeste de santé publique aligné sur les rares effets secondaires des IPP au long cours[1] suite à l’incitation d’une déprescription.
Le rapport coût-efficacité sera peut-être amélioré du point de vue des deniers publics, mais la charge économisée sera reportée sur les patients refluant soit en achat d’IPP non remboursés, soit en achat d’antiacide de contact : Riopan®, Maalox®, … avec leurs effets secondaires, sans réel effet positif sur la santé de la population et sur l’accessibilité aux soins, deux buts poursuivis par les médecins.
[1] Folia pharmaceutica mai 2022 résumé dans le rapport.