Paul De Munck

Un médecin heureux avec des patients satisfaits, cela se travaille !

Le pari du GBO, en alliance avec ses partenaires du MoDeS et de l’ASGB au sein du Cartel : protéger notre magnifique métier, scientifique et humaniste, en étant un contre-pouvoir aux excès de la régulation et aux excès de la dérégulation.

Les priorités du GBO (2023-2028)

LES MEILLEURS SOINS, ACCESSIBLES À TOUS, AU MEILLEUR ENDROIT, PAR LE PRESTATAIRE LE PLUS ADÉQUAT, AU MOMENT LE PLUS OPPORTUN, AU JUSTE COÛT.

Au cours de ses mandats, le GBO/Cartel soutiendra toutes les initiatives rejoignant les 10 priorités ci-dessous.
La médecine générale est un métier merveilleux et riche de sens. Protégeons-la !

Plutôt que d’alourdir l’explicatif des 10 priorités ci-dessous et d’en compliquer la lecture en utilisant l’écriture inclusive, veuillez considérer que tous les termes utilisés au masculin font référence aux personnes quel que soit leur genre.

  • Dès les études universitaires, le GBO/Cartel insiste sur la nécessité de promouvoir l’image de la MG au sein des facultés de médecine en renforçant son enseignement avec une orientation omnipraticienne plutôt que suivant le paradigme de l’hospitalo-centrisme encore trop souvent d’actualité. Le maintien des stages en MG obligatoires pour tous est un des moyens de donner envie à plus d’étudiants d’opter pour la médecine générale que la MG. 
  • Le système des soins de santé doit conforter le MG dans son rôle central. Le MG a une vue d’ensemble sur les problématiques du patient. Le Dossier médical global (DMG) reste un outil essentiel  en MG. Les patients et les médecins doivent être mieux remboursés lorsqu’ils ouvrent/gèrent un DMG. Nous continuons à promouvoir l’idée d’un DMG pour chaque citoyen. 

Le GBO/Cartel revendique un revenu équitable en corrélation avec la durée et la complexité du travail effectué, l’irrégularité des horaires de travail, le niveau de formation et la charge émotionnelle du métier de MG. Cette revendication a été l’une des questions centrales depuis la fondation du GBO/Cartel. Au fil des ans, depuis l’obtention des 1res élections médicales qui nous ont enfin accordé le droit de faire entendre les revendications de la MG, nous avons pu convaincre les partenaires en Commission Nationale Médico-Mutualiste (CNMM) de valoriser en priorité les actes intellectuels, parents pauvres des financements dans une CNMM jusque-là aux mains des spécialités les plus techniques. Le GBO/Cartel a également convaincu de l’utilité de la diversification des financements de la MG : à la prestation (acte), à la capitation (Dossier médical global – DMG,…), à la pratique (Impulseo,…), au prestataire (prime de pratique, …), à la profession (Poste médical de garde – PMG, …).

Lors de la négociation du prochain accord médico-mutualiste, le GBO/Cartel s’assurera que les honoraires de base soient suffisamment élevés pour attirer la majorité des médecins dans le système conventionnel et garantir ainsi la viabilité économique de l’exercice de la profession, tout en garantissant des soins de santé accessibles et de qualité à tous les habitants de ce pays.

Le respect des recommandations scientifiques et de santé publique doit être encouragé par des incitations financières. En sachant bien que la profession a une obligation de moyens et non de résultats dans ce domaine.

  • L’accessibilité maximale aux soins de première ligne (dont la MG) pour les patients doit rester prioritaire pour le GBO/Cartel. Seul un système de soins de santé offrant un large accès aux tarifs de la convention permettra d’atteindre cet objectif. L’accessibilité aux 2e et 3e lignes de soins, y compris financière, doit particulièrement être favorisée, en particulier s’il y a référence du patient par le MG. L’accessibilité aux soins passe aussi par une accessibilité administrative avec simplification et uniformisation des démarches auprès des CPAS/Fedasil/autres, pour toute personne sur le territoire belge.
  • Le système de convention médico-mutualiste doit assurer des honoraires de base suffisamment élevés pour attirer la majorité des médecins dans le système conventionnel et garantir ainsi la viabilité économique de l’exercice de la profession, tout en garantissant des soins de santé accessibles et de qualité à tous les habitants de ce pays.
  • Le financement des soins de santé reste basé sur les contributions des citoyens, qui participent à son financement en fonction de leurs revenus. Le GBO/Cartel demandera en outre que le gouvernement finance une norme de croissance suffisante qui correspond aux besoins de la population en matière de soins, notamment pour faire face à l’augmentation du volume des prestations, au vieillissement de la population et aux besoins d’innovation.

Le rôle central du MG doit être renforcé par, d’une part la collaboration avec les 2e et 3e lignes de soins et, d’autre part, par la restitution à la MG des tâches qui lui incombent, trop souvent effectuées par les MS. Ce « task shift » permet de soulager les MS et de les rendre plus rapidement disponibles, en particulier lorsque les patients sont référés par les MG. 

Les progrès technologiques ont considérablement modifié les rôles de chaque ligne avec raccourcissement des durées d’hospitalisation. Il en résulte un risque de surcharge avec une déshumanisation des soins et la démotivation des prestataires. La 1re ligne étant de facto de plus en plus sollicitée, elle doit donc être renforcée en moyens humains et financiers. Dans la planification actuelle, le GBO/Cartel revendique que, en Fédération Wallonie-Bruxelles, minimum 50 % des prestataires soient des MG.

Dans les projets d’alternatives à l’hospitalisation, le virage ambulatoire doit être conforté dans le respect des missions de chaque ligne, avec l’acceptation de tous les partenaires : patient/famille et aidant proche/MG/MS. Il est nécessaire de garantir l’accessibilité à un équipement correct, à des services professionnels, accessibles financièrement pour le patient et correctement honorés pour le MG, à des conditions financières raisonnables pour le déplacement et de facilités pour le parking des professionnels, à une structuration de la coordination (dossier électroniques, personne ressource). C’est une nouvelle tâche, avec de nouvelles contraintes : réinvestissement dans les soins à domicile et dans la continuité des soins, mise en question du paiement à l’acte insuffisant dans les situations complexes, changement de mentalité du patient, du médecin et de l’hôpital. L’alternative à l’hospitalisation par retour plus rapide à domicile ou passage par d’autres lieux intermédiaires (MR/S, centres de revalidation, maisons de répit…) doit se faire selon le schéma généraliste avec un financement à hauteur de sa tâche.

    • L’évolution vers une collaboration multidisciplinaire est indéniable. Le GBO/Cartel s’inscrit dans le concept de subsidiarité des soins, négociée avec les autres prestataires, pour fortifier la collaboration au service de la qualité des soins. Le GBO/Cartel revendique un partage des tâches plus conforme à la réalité des différents métiers de santé, et qui soit financé, organisé et garanti juridiquement. L’implication de multiples disciplines, infirmiers, kinésithérapeutes, psychologues, …, dans les pratiques de MG, doit pouvoir se faire au sein d’un cabinet solo, en association ou en maison médicale. Ce choix doit être laissé au MG concerné.
    • La collaboration avec un infirmier et avec une aide administrative au sein du cabinet de MG est, aux yeux du GBO/Cartel, préférable à celle d’un assistant de pratique. La séparation entre le soin et l’administratif est importante pour le GBO/Cartel.
  • La collaboration avec les pharmaciens mérite une attention particulière au bénéfice de la qualité des soins.
    • Une organisation des cabinets avec un financement durable. En MG, le paiement à l’acte d’une part et le système forfaitaire d’autre part doivent continuer à coexister. Le GBO/Cartel est également ouvert à une 3e voie d’organisation des pratiques basée sur une nouvelle répartition au sein d’une même pratique des financements forfaits/actes (New Deal). Nous savons aujourd’hui qu’une majorité des MG de terrain y serait favorable. Chaque système exige une disponibilité suffisante des MG, dans le respect de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
  • Une structuration de la 1re ligne sous les coupoles Plateforme de la première ligne wallonne et bruxelloise (PPLW, PPLB). La structuration de la 1re ligne de soins (multidisciplinarité, RML, SISD, OST,…) doit éviter l’émiettement de cette 1re ligne et optimiser la collaboration, notamment au lit du patient à domicile. Cette collaboration doit pouvoir se faire dans toutes les organisations de pratique : solo, association mono ou pluridisciplinaire, sous un même toit ou non, en réseau, en maison médicale, au forfait ou à l’acte. Le GBO/Cartel soutient l’idée de création de cercles de kinésithérapeutes, d’infirmiers, en cohérence et en harmonie territoriale avec les cercles existants de MG. L’idée de cercles mixtes mérite d’être posée. La tenue de GLEM mixtes nous semble utile.
  • Le partage des tâches et leur attribution entre prestataires de la 1re ligne nécessite une négociation sans tabou, dans le respect des missions de chaque profession, au service des meilleurs soins.

La diversification des pratiques en MG. Permettre aux MG qui le souhaitent de diversifier leur pratique et de consacrer une partie de leur temps à d’autres activités que leur activité clinique (recherche, syndicalisme, politique de santé, gestion d’unités de santé de 1re ligne, soins aux toxicomanes, planning familial, ONE, …) en finançant cette diversification dès lors qu’elle est utile pour la santé publique, tout en gardant un minimum d’activités en médecine générale omnipraticienne, est un moyen de soutenir la profession.

  • Une révision fondamentale des honoraires de garde : le GBO/Cartel revendique une augmentation substantielle des honoraires de disponibilité (HD) dans les territoires moins rémunérateurs, en  particulier les zones moins peuplées du sud du pays, et pour les heures les plus pénibles (soirs et nuits).
  • La gestion de la garde pendant la nuit profonde, à la demande de certains territoires, doit pouvoir être déléguée aux services d’urgences des hôpitaux, les MG n’assurant alors que les visites à domicile pour les patients grabataires, en fin de vie ou en MR(S) et les certificats de décès non prévisibles. Le MG de garde peut alors rester de faction chez lui lors de ces gardes-là.
  • Le tri par le n° 1733 doit être assuré par les pouvoirs publics sur tout le territoire belge. Son déploiement progresse trop lentement, des manquements graves sont constatés sur le terrain au sud du pays, indépendants de l’action des MG. Le GBO/Cartel insiste sur la responsabilité des pouvoirs publics de l’organiser et le financer à hauteur des efforts fournis par les prestataires. Une garde en MG reste utile pour éviter le recours inutile à la deuxième ligne de soins mais ne peut s’envisager sans préserver la santé des prestataires. Le tri 1733 est crucial pour le bon développement des PMG, tant en semaine que le week-end et doit se concevoir pour tout appel, en amont du passage aux PMG et en salles d’urgence hospitalières. Des PMG qui fonctionnent bien et qui bénéficient d’un soutien financier adéquat sont un élément essentiel pour assurer un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée des généralistes.
  • La mise en place des coopérations fonctionnelles doivent correspondre aux besoins du terrain, tant au niveau des MG que de la population.

Dans un contexte d’augmentation de la demande de soins (vieillissement et augmentation de la population, maladies chroniques, précarité, migrations… ), d’épuisement professionnel croissant chez les MG et de revendication légitime d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, il est crucial que les médecins puissent accomplir leurs tâches essentielles dans un contexte de flexibilité et d’autonomie maximale.

Globalement, le GBO/Cartel revendique une diminution de la charge administrative et des consultations inutiles afin de pouvoir dégager du temps pour le travail clinique, la mission première des MG. À cette fin, nous voulons réduire drastiquement les certificats médicaux inutiles (cf. l’action « Crocodile bleu ») et maintenir des parcours de soins simples, ne référant à la 2e ligne que ce qui est nécessaire. Nous revendiquons des trajets de soins génériques en évitant la multiplication des trajets par autant de trajets que de pathologies dont souffre un même patient.

Mettre en place une politique d’installation incitative, non contraignante (financière, organisationnelle, …) pour répartir de façon équitable la force de travail sur tout le territoire belge, sans obligation de lieu d’installation. Parce que là où il y a des difficultés dans l’exercice de la MG, la solution passe par la reconquête de la dimension collective de l’exercice professionnel.

Les aides locales pour les professionnels de la santé, en collaboration avec les cercles, les aides administratives et financières à la pratique, la mise à disposition de locaux, la promotion de stage en milieu diversifié (urbain, semi-urbain, rural) sont des éléments efficaces pour cette politique d’installation.

L’innovation est une pierre angulaire de la médecine et est essentielle pour répondre à la fois à la demande croissante de soins et à la pénurie de prestataires de soins. Pour le GBO/Cartel, l’innovation n’est pas seulement technologique et scientifique, mais aussi organisationnelle et financière :

  • L’innovation scientifique parle d’elle-même. La recherche en MG implique son académisation plus poussée et lui donne ses lettres de noblesse.  Elle doit être mieux financée.
  • L’innovation technologique doit toujours être suffisamment fondée sur des preuves et, compte tenu de la rareté des ressources, l’analyse coûts-avantages est toujours cruciale pour nous.
  • L’innovation organisationnelle permet de déployer de nouvelles formes de pratiques. Cela nécessite souvent un cadre réglementaire renouvelé. 
  • L’innovation financière passe par une accélération de la réforme de la nomenclature et l’introduction de nouveaux modèles de financement.
    • La réforme du financement des hôpitaux : la MG est très intéressée par l’amélioration structurelle des autres lignes de soins. 
    • L’élaboration d’une liste des besoins prioritaires en matière d’actes nomenclaturés selon une vision de santé publique: cette vision globale permet au Conseil Technique Médical (CTM) de donner la priorité aux soins les plus pertinents, analysés sur base du principe de subsidiarité. Encore et toujours: “le bon soin, au bon endroit, au bon moment, au prix juste, par le prestataire adéquat” 

Pour nous, l’innovation ne peut jamais être une fin en soi, mais un moyen de maintenir des soins de santé abordables, progressifs et essentiels.

Exemples: 

  • Le choc de la pandémie du COVID-19 nous a fait entrer dans l’ère de la téléconsultation. Une analyse pointue sur ses avantages, risques et inconvénients pourra y ancrer la profession de façon durable.
  • L’informatisation et l’intelligence artificielle ont un impact important sur la pratique. Il est nécessaire d’en faire des outils au service de la profession et pas l’inverse.  
  • Un Dossier médical numérique Partagé (DMP) se conçoit comme un instrument de facilitation de la collaboration interprofessionnelle.
  • Des financements doivent être prévus pour de nouveaux examens paracliniques : échographie clinique ciblée, ophtalmoscopie pour fond d’œil, dermatoscopie en sont des exemples récents.

Le bon fonctionnement d’un système de soins de santé dépend du bien-être des prestataires de soins. La satisfaction au travail et le bien-être global doivent être sauvegardés, avec une autonomie et une flexibilité professionnelles suffisantes. 

Pour tous les citoyens, nous préconisons un accès rapide et à bas seuil aux soins de santé mentale et à la mise en place à grande échelle de parcours de conseil ou de prévention pour soutenir les carrières professionnelles, médicales comprises. 

L’attention portée au bien-être mental se traduit également par une augmentation des ressources budgétaires allouées aux prestataires de soins de santé qui s’en occupent (psychiatres et psychologues) et par une plus grande prise en compte de cette question dans le programme de formation des médecins. 

Une attention particulière aux aînés est demandée par et à la profession. Les maisons de repos ont payé un lourd tribut à la vague de covid-19 en 2020-2021. Cette pandémie a révélé plusieurs problèmes dont il est nécessaire de tenir compte :

  • L’intérêt d’un regard médical extérieur à la MR/MRS par la présence des MG, complémentaire et en harmonie avec les MCC, en lien étroit avec les gériatres. 
  • Le maintien de la liberté de choix des patients et des MG. 
  • L’intérêt de préserver le trio dans la collaboration : généraliste/personnel soignant/famille.
  • L’indispensable nécessité des « projets thérapeutiques planifiés » pour gérer la fin de vie, reconnus financièrement.
  • L’adaptation des médications selon le principe « start and stop » pour en éviter la iatrogénicité. 

La question d’une meilleure prise en charge des aînés à domicile pour leur éviter autant que possible le placement en MR/S est essentielle et mobilise ici encore une organisation/concertation pluridisciplinaire qui se doit d’être optimale.