
Article publié le 09/12/2021 par Ariane Peters
Quelle est la position du GBO/Cartel sur la vaccination par les pharmaciens ?
La vaccination par les pharmaciens, déjà reprise dans la déclaration de politique générale (1) de Frank Vandenbroucke, ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, pourrait bien être mise en œuvre plus rapidement que prévu.
À ce jour, aucune date d’entrée en vigueur de cette mesure n’est encore déterminée. Nous sommes donc face à un avant-projet de loi dont nous ne connaissons pas le contenu et que Frank Vandenbroucke doit encore faire approuver par le Conseil des ministres. Si tel devait être le cas demain, il pourrait ensuite être voté au Parlement cette année … et entrer ainsi en vigueur dès le 1er janvier 2022 !
Le GBO-Cartel, l’ASGB-Cartel et AADM-Domus Medica représentent l’écrasante majorité des médecins généralistes en Belgique. Dans l’intérêt d’une première ligne de soin forte et d’une approche collaborative entre les différents prestataires de soin, nous avons donc une nouvelle fois décidé d’unir nos forces pour porter la voix de la médecine générale et défendre l’intérêt de la population.
Lisez vite notre communiqué de presse commun pour découvrir la position du GBO ! Nous espérons que cette prise de position trouve l’écho nécessaire pour faire évoluer les prises de décisions dans l’intérêt de tous.
Un avant-projet de loi qui autorise les pharmaciens à prescrire et administrer le vaccin contre la COVID-19
Fin octobre, le ministre fédéral de la santé annonçait déjà qu’il préparait une modification de la loi afin de permettre aux pharmaciens d’administrer des vaccins contre la COVID-19. Selon lui, le frein à la vaccination en serait d’avantage réduit : « Nous avons fait en sorte que les pharmaciens puissent effectuer des tests COVID et qu’ils puissent en donner les résultats. Il n’est plus nécessaire d’aller chez le médecin généraliste pour cela. Je pense qu’il est important que les personnes qui ne sont pas encore vaccinées mais qui voudraient l’être puissent aller pour cela chez le pharmacien. » « La loi doit être modifiée pour que les pharmaciens puissent faire le vaccin, mais nous sommes en train de le faire (…) cela peut aller assez vite », expliquait-il dans l’émission « De inspecteur » du 22/10/21 sur Radio 2 (VRT).
De son côté, l’APB (Association Pharmaceutique Belge) mettait avant la demande de la profession d’intervenir de manière active dans la vaccination et faisait remarquer que les pharmaciens étaient capables d’atteindre des citoyens qui, actuellement, ne pouvaient être atteints par les canaux traditionnels. “Il est clair que les pharmaciens peuvent être mobilisés dans cette crise”, a souligné le président, Koen Straetmans. “Par leur formation professionnelle, ils peuvent fonctionner en tant que vaccinateurs dans la pharmacie dans le cadre de l’intensification décentralisée de la vaccination contre la covid-19, pour rapprocher le citoyen du vaccin et non pour remplacer les vaccinateurs existants“.
La « Note de Politique générale – Santé publique« , publiée le 28/10/21 à la Chambre des représentants, confirmaient les intentions de Frank Vandenbroucke : « Un certain nombre d’initiatives ponctuelles, comme le rôle approfondi du pharmacien en matière de testing et de vaccination, l’incitation au bon usage des médicaments, la suppression du certificat médical pour les absences de courte durée, doivent aider les médecins généralistes à se concentrer sur leurs tâches essentielles. »
Une dose de rappel qui risque d’accélérer le processus ?
Fin novembre, Christie Morreale, ministre de la Santé en Wallonie, déclarait dans Matin Première (RTBF) que, pour accélérer la cadence de la vaccination, la vaccination pourrait s’exporter en dehors des centres et que les pharmaciens étaient pressentis pour l’injecter de cette fameuse dose de rappel : « C’est une possibilité légale. Je pense qu’il faut qu’on élargisse le spectre. On sait aussi que les médecins sont très mobilisés sur d’autres choses, sur d’autres pathologies mais on doit pouvoir élargir la vaccination en offrant plus de cartes. On a eu les infirmiers et les médecins qui l’on fait donc les pharmaciens sont une possibilité légale que Frank Vandenbroucke a ouverte. »
Seuls les médecins pratiquent l’art de guérir, faut-il s’inquiéter des intentions de Frank Vandebroucke ?
Selon la loi coordonnée du 10/05/2015 relative à l’exercice des professions des soins de santé, seuls les porteurs du diplôme légal de docteur en médecine peuvent pratiquer des actes médicaux. Dont la vaccination puisque seuls les médecins ont reçu la formation clinique pour injecter un vaccin … et en assurer le suivi en cas d’éventuelles réactions. À ce propos, notez que cet avant-projet de loi ne laisse rien au hasard puisqu’il précise également que le pharmacien recevrait l’autorisation de « prescrire et administrer par voie sous-cutanée ou par voie intramusculaire de l’adrénaline » …
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(1) Ce passage de la Note de politique générale est important (dans son entièreté) : « Un certain nombre d’initiatives ponctuelles, comme le rôle approfondi du pharmacien en matière de testing et de vaccination, l’incitation au bon usage des médicaments, la suppression du certificat médical pour les absences de courte durée, doivent aider les médecins généralistes à se concentrer sur leurs tâches essentielles. Et nous devons réfléchir en profondeur aux possibilités offertes par la télémédecine. Une technologie du 21e siècle ne peut être mise en œuvre avec succès sur la base des schémas organisationnels et techniques financières du 20e siècle : la télémédecine nécessite une approche très différente du “fee-for-service” dans le domaine des soins de première ligne. »