
Article publié par Ariane Peters le 23/03/22
PRISE EN CHARGE MÉDICALE DES RÉFUGIÉS UKRAINIENS :
complément d’info à la check-list du CMG
De nombreux ukrainiens fuyant la guerre trouvent refuge en Belgique. En tant que MG, vous devez donc vous préparer à recevoir un grand nombre de patients ukrainiens dans les prochaines semaines. Le GBO/Cartel vous a donc préparé une synthèse des infos, recommandations et outils disponibles à ce jour pour vous aider dans votre pratique. Celle-ci vient en complément de la check-list récemment réalisée par le CMG.
Check-list du CMG : un outil pour guider et faciliter les consultations médicales :
Le CMG, en collaboration avec les OST francophones, l’AViQ, l’APB et FEDASIL, propose une check-list qui reprend les points d’attentions au niveau administratif, sur le plan médical et de la santé mentale, ainsi qu’en termes de santé publique. Vous y retrouverez une ligne de conduite pour gérer les aspects administratifs, des solutions pour résoudre les problèmes de traduction, faciliter la compréhension des équivalences de médicaments et du carnet vaccinal ukrainien. Le CMG y rappelle également l’importance de faire un dossier médical internet avec un SUMEHR, mais aussi un dossier papier.
L’arrivée en nombre de réfugiés ukrainiens : un risque potentiel pour notre santé publique ?
Sur la base des informations disponibles et du nombre attendu de réfugiés, le RMG (Risk Management Group) estime que ce risque est faible (cf. avis du RMG) et a identifié les risques principaux pour notre santé publique :
- le statut vaccinal défavorable de la population ukrainienne, notamment pour la rougeole et la polio chez les enfants, ainsi que pour la COVID-19 dans la population âgée.
- l’incidence élevée de la tuberculose en Ukraine (75/100.000), dont un tiers est résistant aux traitements (MDR-TB).
En outre, il existe un risque individuel pour les personnes elles-mêmes, en raison de l’interruption des traitements chroniques (notamment pour le VIH et l’hépatite C) et des problèmes de santé mentale.
Points d’attention lors de vos consultations avec un patient en provenance d’Ukraine :
💡Les éventuelles maladies infectieuses à déclaration obligatoire (dès suspicion clinique ou confirmation diagnostique) que vous détecterez en consultation peuvent être déclarées en ligne, par tél au 071/33.77.77 (du lundi au vendredi, de 9h à 16h30) ou par mail.
# Tuberculose : En raison l’afflux massif de réfugiés en provenance d’Ukraine, il n’est pas possible de vérifier leur status vaccinal et de réaliser un dépistage de la tuberculose au moment de leur arrivée. La vaccination et le screening de la tuberculose se seront gérés par les entités fédérées, qui communiqueront dès que possible les détails sur leur mise en œuvre. D’ici-là, le RMG demande qu’une attention particulière soit portée à la tuberculose lors des consultations ou en cas de plaintes respiratoires → reportez-vous à la check-list du CMG.
💡 À l’occasion de la Journée mondiale de la tuberculose (24/03/22), le FARES organise deux webinaires interactifs (24/03 et 31/03) à destination des soignants. Infos et inscription.
# COVID-19 : Au 24/02/22, le taux de vaccination complète de la population ukrainienne s’élevait à 35% (source : Our World in Data). Compte tenu de la situation précaire des réfugiés ukrainiens à leur arrivée, aucun certificat COVID-19 (vaccination, test ou rétablissement) ne leur est demandé. Un test RAT (test Ag rapide) ou PCR après l’arrivée peut être utile. Comme pour le restant de la population belge, le dépistage et la vaccination sont gratuits pour les réfugiés ukrainiens affiliés à une mutualité belge (cf.infra). Si ce n’est pas encore la cas, il vous est possible de créer un numéro BIS en cas d’urgence.
# Contrôle des maladies à prévention vaccinale / vaccination de rattrapage : Il est peu probable que les réfugiés ukrainiens aient pu emporter avec eux leur carnet de vaccination. Consultez Vaccination de rattrapage réalisé par le CSS, ainsi que la check-list du CMG pour déterminer les vaccinations à refaire en priorité s’il n’y a pas de documentation écrite.
Traitements chroniques : comment trouver l’équivalence avec les médicaments européens ?
Voici 4 outils vous permettront de trouver des équivalences avec les médicaments européens :
- Le site Ukrainian Medicine Conversion To European Equivalent Product vous permettra de trouver facilement l’équivalent européen d’un médicament ukrainien, sur base du nom ou de l’INN (International Nonproprietary Names).
- Le département scientifique de l’APB (Association Pharmaceutique Belge) a créé un Compendium des médicaments ukrainiens (traduction automatique possible via votre navigateur internet).
- 2 applications pour iPhone : Apple World Drugs Converter et Traveler’s Pharmacy – Equivalent Medications (davantage destinée aux patients)
💡 Si vous ne disposez que d’un emballage de médicament en cyrillique et n’avez aucune information rédigée en écriture latine, l’app Google Lens vous permettra de traduire le texte en le prenant en photo avec votre smartphone. Cette application est disponible sur Google Play pour les Android et depuis l’application officielle Google sur iPhone.
L’assurance soins de santé belge s’ouvre aux réfugiés ukrainiens
Dans le cadre du statut européen de protection temporaire, l’INAMI ouvre aux réfugiés ukrainiens le droit à l’assurance soins de santé pour pouvoir recevoir des soins financièrement abordables. Ils doivent pour ça s’affilier à une mutualité belge.
- Résumé du trajet à suivre pour l’ouverture des droits de santé aux réfugiés ukrainiens : Pré-enregistrement et enregistrement au Heysel ► la personne obtient une attestation d’enregistrement ou une attestation de protection temporaire ► Avec cette attestation, la personne obtiendra de sa commune de résidence un document appelé annexe 15 ► Cette annexe 15 permet de s’inscrire à une mutuelle ► la personne peut accéder à tous le système de santé belge comme tous citoyen belge.
- Facturer des soins une fois le réfugié affilié à une mutualité : Pour un réfugié ukrainien, son inscription à la mutualité prendra effet rétroactivement le 1er jour du trimestre au cours duquel il a reçu son attestation d’enregistrement ou de protection temporaire. Plusieurs jours peuvent s’écouler avant cette inscription à la mutualité, durant lesquels le réfugié pourrait avoir besoin de soins. Vous devrez donc attendre que les patients ukrainiens soient affiliés à une mutualité avant de facturer une prestation. Ne facturez pas 100 % du prix de la prestation à ce patient comme vous l’auriez fait logiquement pour un patient non affilié. Vous pouvez vous fier à l’une des deux types d’attestation.
- Droit à l’intervention majorée de l’assurance (BIM) : l’INAMI part du principe que les réfugiés ukrainiens n’ont actuellement aucun revenu. Par conséquent, une fois affiliés à une mutualité, ils ont droit à l’intervention majorée de l’assurance soins de santé.
- Maximum à facturer : les réfugiés considérés comme « ménage » distinct. Le maximum à facturer limite les dépenses de soins de santé d’un « ménage », sur base des personnes inscrites à une même adresse. Dans cette situation particulière, les réfugiés ukrainiens séjournant dans une famille d’accueil ne sont pas considérés comme faisant partie de ce ménage mais bien comme un ménage distinct, avec leurs personnes à charge (aussi longtemps qu’ils ont la même résidence principale).
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