Article publié le 20/12/21 et mis à jour le 24/12/21 par Ariane Peters

La CIM Santé publique autorise la vaccination des enfants de 5 à 11 ans

Sur base des avis du Conseil supérieur de la Santé (CSS), du Comité consultatif de Bioéthique de Belgique et de la Task Force Vaccination, la Conférence interministérielle (CIM) Santé publique a donné son feu vert le 20/12/21 à la vaccination des enfants de 5 à 11 ans contre la COVID-19 :

  • Cette vaccination est fortement recommandĂ©e pour les enfants prĂ©sentant des comorbiditĂ©s car elle les protège des formes sĂ©vères de la maladie causĂ©e par le virus COVID-19.
  • Les enfants sans comorbiditĂ©s se verront Ă©galement proposer le vaccin mais leur vaccination se fera sur base volontaire et avec l’accord de leurs parents. Cette vaccination leur permettra de bĂ©nĂ©ficier d’une meilleure protection individuelle, tout en contribuant Ă  celle des personnes vulnĂ©rables de leur entourage et la sociĂ©tĂ© dans son ensemble.
  • La vaccination sera effectuĂ©e avec une version pĂ©diatrique du vaccin Pfizer/BioNTech, qui s’administre en deux doses Ă  21 jours d’intervalle.

Ce communiqué de la CIM Santé publique et du Commissariat Corona au gouvernement vous détaille les aspects pratiques de la vaccination pour ce groupe d’âge.

La vaccination contre le COVID-19 ouverte à tous les enfants de 5 à 11 ans, avec une sensibilisation prioritaire de ceux qui présentent une comorbidité

En Belgique, les enfants de 5 Ă  11 ans reprĂ©sentent une proportion importante de la population totale (927 000 sur une population de 11 millions). Ă€ la demande de la CIM SantĂ© Publique, le Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ©, le ComitĂ© Consultatif de BioĂ©thique de Belgique et la Task Force Vaccination ont formulĂ© des recommandations sur la vaccination contre le COVID-19 de ce groupe d’âge. Les voici :

Quelles sont les recommandations du Commissariat Corona au Gouvernement pour ce groupe d’âge ?

#1 Une sensibilisation prioritaire des enfants présentant des comorbidités

Le CSS, le Comité consultatif de Bioéthique de Belgique et la Task Force Vaccination recommandent que les enfants âgés de 5 à 11 ans présentant des comorbidités (priorité 1-2-3, CHS9618, CHS9641) ou qui sont en contact étroit avec des personnes à risque soient vaccinés contre le COVID-19. Ce groupe, qui présente un risque particulier de développer des formes graves de la maladie, devrait bénéficier de cette vaccination sans délai.

Il s’agit d’enfants atteints d’une pathologie spĂ©cifique (voir liste ci-dessous) pour laquelle le risque de complications graves de la maladie, d’hospitalisation voire de dĂ©cès en cas d’infection par le COVID-19 est Ă©levĂ©. Pour les enfants atteints d’une pathologie rare, ceux pour lesquels la pathologie a un impact sur la santĂ© cardiovasculaire, respiratoire ou neurologique feront l’objet d’une attention particulière. La liste des pathologies spĂ©cifiques est la mĂŞme que celle qui avait Ă©tĂ© Ă©tablie pour les jeunes de 12 Ă  15 ans :

  • maladies rĂ©nales chroniques depuis au moins 3 mois
  • maladies hĂ©patiques chroniques depuis au moins 6 mois
  • cancers hĂ©matologiques (par exemple, leucĂ©mie)
  • syndrome de Down
  • patients transplantĂ©s (y compris ceux sur liste d’attente)
  • troubles immunitaires, c’est-Ă -dire les patients souffrant d’immunodĂ©ficience ou sous immunosuppresseurs
  • VIH/SIDA actif
  • Certaines pathologies rares (voir la liste d’Orphanet).

La procédure suivie sera similaire à celle appliquée pour la vaccination des adolescents présentant des comorbidités. Ce groupe ne sera pas invité à la vaccination en tant que groupe prioritaire distinct mais les médecins généralistes et les pédiatres pourront identifier les enfants concernés dans leur cabinet et les encourager à se faire vacciner (les aspects opérationnels concrets sont en cours de définition).

#2 La vaccination ouverte également aux enfants sans comorbidités

Le CSS, le ComitĂ© Consultatif de BioĂ©thique de Belgique et la Taskforce Vaccination estiment de plus que la vaccination contre le COVID-19 doit ĂŞtre proposĂ©e aux enfants âgĂ©s de 5 Ă  11 ans sans comorbiditĂ© et doit reposer sur une base individuelle et volontaire de l’enfant et de ses parents ou de son reprĂ©sentant lĂ©gal.

#3 Une version pédiatrique sûre et efficace du vaccin Pfizer

Pour la vaccination des enfants, un seul vaccin est utilisĂ©, Ă  savoir le vaccin pĂ©diatrique Comirnaty (Pfizer/BioNTech), qui est administrĂ© en 2 doses Ă  21 jours d’intervalle.

Il a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© spĂ©cifiquement pour les enfants et il est sĂ»r. Cela est confirmĂ© par des donnĂ©es provenant des États-Unis et d’IsraĂ«l, oĂą plusieurs millions d’enfants ont dĂ©jĂ  reçu une première et une deuxième dose. Pfizer n’a notĂ© que des effets secondaires lĂ©gers, tels que de la fatigue, des maux de tĂŞte ou des frissons.

Il y a une vigilance accrue pour la myocardite, une inflammation du muscle cardiaque. Il n’y a pas eu de cas recensĂ© lors de l’essai clinique, mais celui-ci Ă©tait trop petit pour dĂ©tecter d’Ă©ventuels effets secondaires rares. Aux États-Unis, 8 cas de myocardite ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, 6 sont encore en cours d’investigation. Tous les cas Ă©taient bĂ©nins selon l’autoritĂ© sanitaire amĂ©ricaine.

#4 Une vaccination qui aura essentiellement lieu dans les centres

La procédure suivie sera similaire à celle suivie pour la vaccination des adolescents présentant des comorbidités. Les médecins généralistes et les pédiatres pourront identifier les enfants concernés dans leur cabinet et les inviter à se faire vacciner. Les vaccins seront mis à la disposition des services pédiatriques des hôpitaux et des centres de référence pour les enfants atteints de maladies rares. Cependant, tout comme les enfants sans comorbidité, une grande partie de ce groupe cible peut être invitée dans un centre de vaccination.

Les exceptions sont les jeunes qui sont alitĂ©s et/ou ont une indication mĂ©dicale stricte (par exemple, un handicap physique grave) et ne peuvent pas quitter leur lieu de rĂ©sidence dans des circonstances normales. Ils pourront ĂŞtre vaccinĂ©s Ă  domicile par l’Ă©quipe mobile du centre de vaccination ou par leur mĂ©decin traitant. Le groupe de travail de la Taskforce Organisation de la vaccination, dirigĂ© par le professeur Jan De Maeseneer, consulte Ă  cette fin les reprĂ©sentants des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes et des pĂ©diatres.

Chaque entitĂ© fĂ©dĂ©rĂ©e met tout en Ĺ“uvre pour organiser cette vaccination d’une manière adaptĂ©e aux enfants. Des efforts sont faits pour distinguer au mieux la vaccination des adultes dans le cadre de la campagne de rappel et la primo-vaccination des enfants. Cela pourra nĂ©cessiter une sĂ©paration physique au niveau de l’infrastructure (ligne de vaccination sĂ©parĂ©e, salle sĂ©parĂ©e) ou dans le temps, en prĂ©voyant des plages horaires de vaccination distinctes. Dans le cadre du consentement parental, le(s) parent(s) accompagnera(ont) l’enfant pour la vaccination, ce qui nĂ©cessite Ă©galement une organisation spĂ©cifique en termes de gestion des questions posĂ©es et d’espace dans la salle d’attente, par exemple.

#5 Les premières invitations dès la fin décembre

Dès la fin décembre, les premières invitations pourront être envoyées pour vacciner les enfants âgés de 5 à 11 ans avec ou sans comorbidité.

#6 Une vaccination au service du bien-ĂŞtre individuel et collectif des enfants

Les enfants sont facilement infectĂ©s et constituent une source importante de transmission et de propagation (l’incidence dans les Ă©coles primaires est plus du double de celle observĂ©e dans la population gĂ©nĂ©rale).

Les jeunes enfants tombent très rarement gravement malades après une infection. Cependant, chez une petite proportion d’enfants, le COVID-19 peut entraĂ®ner une Ă©volution plus grave, avec une hospitalisation et une possible admission en soins intensifs. Depuis le dĂ©but de l’Ă©pidĂ©mie en Belgique, 135 enfants entre 5 et 11 ans ont Ă©tĂ© hospitalisĂ©s pour cause de COVID (cf. avis du CSS). Aucun dĂ©cès pour cause de COVID-19 n’a Ă©tĂ© recensĂ© chez les enfants de cette tranche d’âge dans notre pays.

Une complication rare mais grave due Ă  une infection au COVID-19 est le MIS-C. Il s’agit d’une maladie inflammatoire dans laquelle les enfants ont une fièvre persistante, pouvant entraĂ®ner une dĂ©faillance des organes. Sur 10 000 enfants infectĂ©s, 2 Ă  5 en ont souffert, indique-t-on aux États-Unis et en Allemagne. Fort heureusement, dans la plupart des cas, cette complication est facile Ă  traiter. Des sĂ©quelles Ă  long terme (COVID long) se produisent Ă©galement chez les enfants, mais on ne sait pas exactement Ă  quelle frĂ©quence et pendant combien de temps elles persistent.

Cette Ă©volution grave n’est pas toujours prĂ©visible : les donnĂ©es de l’ECDC montrent que 78% des enfants hospitalisĂ©s pour cause de COVID-19 n’avaient pas de comorbiditĂ©. Omicron connait une Ă©volution diffĂ©rente avec proportionnellement plus d’adolescents et d’enfants hospitalisĂ©s que pour le variant Delta (donnĂ©es en provenance d’Afrique du Sud et du Royaume-Uni, non confirmĂ©es au Danemark oĂą l’on observe une Ă©volution similaire Ă  celle de Delta).

La vaccination devrait, comme chez les adolescents, permettre de contrĂ´ler la diffusion du COVID-19 et de la maintenir Ă  un niveau bas dans les Ă©coles primaires, permettant dès lors aux Ă©coles de rester ouvertes et aux activitĂ©s parascolaires de reprendre leur cours normal. Le bien-ĂŞtre gĂ©nĂ©ral des enfants s’en trouvera amĂ©liorĂ©.

#7 Un rempart contre les effets et la propagation d’Omicron

A l’heure actuelle (20/12), le variant Delta circule encore largement et nous savons que les vaccins actuels protègent bien contre cette forme de COVID-19. La question de leur efficacitĂ© contre le variant Omicron demeure, elle, entière. Des donnĂ©es provenant d’Afrique du Sud montrent dĂ©jĂ  que deux doses du vaccin Pfizer administrĂ©es Ă  des adultes offrent une protection d’environ 70 % contre les complications graves de l’Omicron. Nous n’avons pas encore de donnĂ©es pour les enfants.

Les mĂ©decins d’Afrique du Sud conseillent d’administrer le vaccin de rappel aux adultes dès que possible et de commencer la vaccination des enfants. En Belgique, au moins la moitiĂ© des enfants ont dĂ©jĂ  contractĂ© le COVID-19 ; la vaccination renforcera leur immunitĂ© contre l’Omicron. Pour ceux qui n’ont pas encore contractĂ© le COVID-19, les chances qu’ils tombent gravement malades après la vaccination seront bien plus faibles.

Attendre l’arrivĂ©e de vaccins spĂ©cifiquement dĂ©veloppĂ©s pour les enfants n’est pas une option car cela signifierait que leur vaccination ne pourrait avoir lieu qu’à partir du troisième ou du quatrième trimestre en 2022. Dans cet intervalle, le variant Omicron aurait la capacitĂ© de se propager dans cette tranche d’âge avec tout ce que cela implique au niveau des fermetures d’écoles. En outre, nous ne connaissons l’impact de cette large diffusion du variant Omicron en termes d’hospitalisations sur les enfants ou sur ses Ă©ventuelles consĂ©quences Ă  plus long terme.

La vaccination des enfants est donc un bon moyen de renforcer nos remparts contre les effets et la propagation d’Omicron, en renforçant leur immunité sur une base volontaire.

#8 Pas de CST pour cette tranche d’âge

L’accès des enfants de 5 Ă  11 ans aux activitĂ©s ne sera pas restreint en fonction de leur statut vaccinal. En consĂ©quence, il n’y aura pas de CST pour cette tranche d’âge.