Stop aux pratiques discutables en matière de prescriptions en MR/S

Flash-info 30/25, publié le 28/05/2025

Le GBO/Cartel a été interpellé par plusieurs de ses membres quant au système de prescription de médicaments mis en place dans certaines MR/S, à savoir que celles-ci leur imposent de valider électroniquement a posteriori les ordonnances envoyées par un pharmacien. Une situation inacceptable à laquelle le GBO/Cartel estime qu’il doit être mis fin sans délais.

La vérification de la bonne adéquation de ces requêtes étant impossible (mais s’avérerait pourtant indispensable puisque de multiples demandes de validation concernent la prescription de stupéfiants pour 3 mois, des prescriptions pour des patients décédés parfois depuis plus d’un an, des prescriptions pour des médicaments dont ce médecin ignore l’utilité thérapeutique pour le patient, …), ces médecins ont rappelé aux personnes concernées que la demande d’ordonnance doit précéder la délivrance des médicaments prescrits, comme le prévoit l’arrêté royal du 21 janvier 2009.

Cette requête légitime de suivre la procédure légale, qui permettrait pourtant d’éviter que les patients et leurs médecins généralistes ne soient pris en otages par le système mis en place, n’a pourtant reçu que des réponses évasives de la part des personnes interpellées (direction, médecin coordinateur, médecin du groupe de la maison de repos, pharmacie).

Interrogé également par leurs soins à ce sujet, l’Ordre des médecins leur a conseillé de se référer à l’INAMI … qui se déclare incompétent en la matière. L’Ordre des pharmaciens, lui aussi interpellé, tarde à répondre, malgré plusieurs courriers de rappel.

Nous profitons de ces témoignages pour vous appeler à rester vigilants quant à vos droits et responsabilités, ainsi qu’à l’importance de vous faire respecter par les divers intervenants (certaines maisons de retraite, certains pharmaciens, …) qui prennent l’habitude « de nous tondre de plus en plus la laine sur le dos sans que nous ne réagissions ».

Il est urgent d’intervenir, a fortiori dans le contexte économique actuel

Au regard des témoignages reçus, qui ne sont certainement pas des cas isolés, le GBO/Cartel estime qu’il est urgent de rappeler aux MR/S que la prescription de médicaments est encadrée par une procédure légale et que l’imposition aux médecins de telles pratiques ne peut plus être tolérée.

A fortiori dans le contexte actuel de coupes budgétaires (un effort de 16M d’économie est exigé des médecins dans le secteur des médicaments, dont la prescription doit être réduite) et alors que les profils de prescription par les médecins généralistes sont analysés à la loupe (baromètres, etc.) !

Quand santé publique, écologie et économies vont de pair …

Sachant que les pouvoirs publics cherchent comment faire des économies dans le domaine du médicament, le GBO/Cartel invite donc les autorités compétentes à rappeler le dispositif légal en vigueur pour les prescriptions en MR/S et à instaurer un contrôle strict de ces bonnes pratiques, qui ferait assurément descendre nos chiffres de prescription.

Outre une prescription en MR/S correctement encadrée, d’autres pistes d’action pourraient être mises en œuvre.

Au vu du nombre de boîtes de médicaments non vidées que nous voyons chez nos patients, on pourrait facilement en conclure qu’au moins 25 % des médicaments prescrits ne sont pas avalés par ceux-ci. Cette estimation pourrait d’ailleurs légitimement être réévaluée à la hausse au regard de ces témoignages décrits plus haut.

L’opérationnalisation rapide de la prescription à l’unité pourrait donc répondre à un impératif de santé publique (en évitant de laisser au domicile des médicaments devenus inadaptés voire dangereux en dehors du contexte dans lequel ils ont été prescrits), permettrait également de réduire leur empreinte écologique (cf. le coût de la collecte / destruction des médicaments inutilisés, la pollution des eaux et des sols par les médicaments arrivant dans la nature – jetés dans les poubelles, toilettes, éviers – et leur impact imprévisible sur les autres organismes vivants) et de générer des économies substantielles en prescrivant la juste quantité nécessaire et en évitant les demandes abusives de prescriptions.

Il est temps d’intensifier l’action visant à mettre fin à ces pratiques discutables en matière de prescriptions en MR/S

Au vu des témoignages reçus, qui ne sont certainement pas des cas isolés, le GBO/Cartel estime qu’il est urgent de :

  • rappeler aux MR/S que la prescription de médicaments est encadrée par une procédure légale et que l’imposition aux médecins de telles pratiques ne peut plus être tolérée.
  • définir un cadre opérationnel pour la prescription des médicaments en MR/S, y compris en remettant en question le fait que la prescription sur papier soit encore autorisée en MR/S(1) puisqu’elle semble manifestement être source d’abus dans certains établissements.
  • instaurer un contrôle strict de ces bonnes pratiques de prescription en MR/S.

La prescription a posteriori de médicaments en place dans certaines MR/S étant une problématique se situant à cheval entre les compétences régionales (organisation des MR/S) et fédérales (prescription de médicaments), le GBO/Cartel a donc interpellé (cf. notre courrier envoyé ce jour) les directions de l’AVIQ, Vivalis et Iriscare (en tenant informés les ministres compétents) afin que soit organisée rapidement une réunion en ce sens avec les représentants de la Fédération des maisons de repos de Belgique (FEMARBEL), de l’Association Francophone des Médecins Coordinateurs et Conseillers en Maisons de Repos et de Soins (AFRAMACO), du réseau bruxellois des médecins coordinateurs et conseillers d’Iriscare, de la Commission MCC au sein de la FAMGB et de la Commission médico-pharmaceutique (CMP asbl).

(1) Dans quelles situations exceptionnelles pouvez-vous encore prescrire sur papier ? (INAMI)
Hormis pour les médecins ayant atteint l’âge de 64 ans au 1er janvier 2020.